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Ça y est ! Elles sont là ! Qui ça ? Les libellules évidement. Je trouve ces petites bêtes fascinantes… Laissez-moi vous dire pourquoi.
Petites bêtes ? Pas si petites que ça déjà. Un Anax empereur — Anax imperator (ça en jette hein ?) mesure environ 8cm pour une envergure d’un peu plus de 10 cm. Croyez-moi : quand il vous tourne autour, l’animal est impressionnant. D’autres libellules sont beaucoup plus chétives : un agrion jouvencelle — Coenagrion puella ne mesure que 3 cm environ. À ce stade, on peut déjà distinguer ces deux espèces par leur apparence. L’Anax a un corps trapu, des ailes ouvertes au repos. Il fait partie des anisoptères (anisoptera), les « libellules vraies ». L’Agrion fait pitié à côté : frêle, les ailes jointes, repliées au-dessus de son corps. Lui, c’est un zygoptère (zygoptera) ou « demoiselle ». Dans ce qui suit, je vais m’en tenir aux vraies libellules (les grandes, les costaudes) : les anisoptères.
À gauche : Libellule vraie (anisoptère). À droite : demoiselle (zygoptère).
C’est bien joli ces classements, mais ça me fait une belle jambe. Qu’est-ce qui est tellement fascinant chez ces bestioles ?
À la sortie de l’œuf, bébé libellule n’est qu’une misérable larve nageant dans une mare, un ruisseau ou un lac (ou une quelconque étendue d’eau selon son espèce). Car oui, la libellule est un animal aquatique au sens qu’elle passe une bonne partie de sa vie DANS l’eau. On a l’habitude de voir les libellules voler autour de l’eau, mais c’est pour une bonne raison. Elles pondent dans l’eau, elles naissent dans l’eau, elles grandissent dans l’eau.
Une bouche extensible façon Alien
C’est que la larve de libellule est vorace. Certaines ingurgitent des petits insectes. Mais d’autres, plus grandes, peuvent bouffer jusqu’à des têtards, voire attraper de très jeunes grenouilles ou des petits alevins. Et quand je dis « attraper », ce n’est pas un vain mot. La larve de libellule possède une bouche extensible, façon « Alien ». Un « masque » selon le terme exact. Lorsqu’une proie potentiellement délicieuse passe à sa portée, elle n’a qu’à le déployer en une fraction de seconde pour chopper sa pitance. C’est ainsi qu’elle grandit dans l’eau, durant quelques semaines dans les zones chaudes, à quelques années dans les zones les plus froides.
Après ces quelque temps à boulotter tout ce qui passe, la larve émerge enfin de l’eau. En grimpant le long d’une tige ou sur un rocher, une libellule va alors s’extraire de son enveloppe larvaire (exuvie). Il faut parfois quelques heures pour émerger. Cherchez le long de l’eau, vous trouverez sans doute ces carcasses vides encore accrochées aux tiges de roseaux.
Émergences d’une Æshne bleue (Aeshna cyanea), à gauche, et d’un sympetrum à droite.
Durant cette phase, la libellule est particulièrement vulnérable. Pas encore possible de s’envoler et plus possible de nager, elle est à la merci de n’importe quel prédateur 😱.
Ah oui, je vous ai parlé d’un hélico dans le titre ! Nos chers anisoptères sont des champion•ne•s… oui, on peut aussi utiliser l’écriture inclusive pour les libellules, monsieur libellule ne m’en voudra pas ! Sont des champion•ne•s disais-je, du vol stationnaire et du vol en général.
Un hélicoptère de combat
Je compte deux paires d’ailes, comme la plupart des insectes, mais chaque aile est indépendante. Ce qui lui confère une mobilité de ouf. Marche arrière, vol stationnaire, décollage latéral, rien ne lui résiste. Le tout à la vitesse de l’éclair. Comme un hélicoptère de combat, je vous dis !
Voici venu le temps des amours pour nos libellules fraîchement émergées. Et ce n’est pas une poésie. Le mâle attrape la femelle par le cou à l’aide d’appendices situés à l’extrémité de son abdomen (les cerques). Chaque espèce a son propre système d’accrochage ; chaque une clé a sa serrure. Cela évite tout mélange entre espèces. Plutôt que de tenter une explication, regardez ci-dessous les images qui explicitent le Kâmasûtra façon anisoptère.
Après cet accouplement acrobatique vient la phase de ponte. Le mâle ne lâche pas la femelle (il ne faudrait pas qu’un autre s’en empare) et celle-ci va pondre ses œufs là où elle doit (selon l’espèce : dans une tige, dans du sable ou directement dans l’eau).
Cœur copulatoire d’agrions élégants (Ischnura elegans) et ponte d’un couple de Sympetrums.
Et c’est reparti pour un tour. Œuf, larve, libellule…
Allez, dites-moi que vous avez appris des choses en lisant ce post ! Il y a encore plein de choses à découvrir sur la vie et la diversité des odonates, mais je vous raconterai ça une autre fois.
Vous l’avez compris, j’ai une certaine admiration pour les libellules. Pas tellement pour leurs performances sexuelles, mais plutôt pour leur allure, leurs super-pouvoirs, leurs couleurs… Si vous avez la chance d’avoir un jardin, creusez-y une mare* ! Des libellules viendront rapidement la coloniser pour votre plus grand plaisir.
* Toutes les photos ont été prises autour de la petite mare du jardin.
Cahier d’identification des libellules de France, Belgique, Luxembourg et suisse — Biotope
Des indications précises et des schémas pour identifier précisément les espèces.
Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse — Biotope
En complément du précédent : la bible des libellules (un bottin même). Très complet (trop ?) avec des descriptions, les habitats, les comportements…
Guide des libellules de France et d’Europe — Delachaux & Nieslé
J’aime les illustrations très détaillées. Plus d’espèces présentées (Europe) mais moins d’indications claires pour l’identification.