L’objectif ultra-macro de celui qui louchait sur les fourmis
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Écouter et reconnaître les oiseaux 24/7 : telle est la promesse de Birdnet Pi, un projet mêlant intelligence artificielle et observation de la nature. Il n’en fallait pas plus pour titiller ma curiosité.
C’était un vendredi, mon amoureuse m’envoie un petit message avec une capture FaceBook d’une de ses connaissances. Un monsieur est visiblement content de sa nouvelle installation : « Birdnet Pi » ?! avec un lien vers une carte listant des enregistrements d’oiseaux. Tiens !? Je m’y intéresse (si elle me l’envoie, c’est que ça doit m’intéresser, me dis-je) et je découvre ce fascinant projet qu’est Birdnet Pi !
Je connaissais déjà Birdnet, une application qui permet de reconnaître les chants des oiseaux plutôt efficacement (elle est totalement gratuite et disponible sur Android et iOS). Grosso modo, vous enregistrez une ambiance sonore avec votre téléphone et l’app vous dit « ça, c’est une mésange charbonnière, ça, c’est un pinson des arbres et ça… c’est une poule !? ».
Mais ici, on passe au niveau supérieur, il s’agit d’écouter les emplumés h24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an… tout le temps quoi. Évidemment, pas question de laisser mon téléphone dans un arbre pour enregistrer les piafs. Et c’est ici que Birdnet Pi intervient ! On prend le modèle d’IA de Birdnet et on le met dans un… (suspense insoutenable)… Raspberry Pi.
Mais oui, ce nano-ordinateur à tout faire peut aussi reconnaître les chants d’oiseaux. Bon. Il faut lui donner quelques outils, mais vous allez voir, ce n’est pas très compliqué.
Prenez un Raspberry Pi (si vous avez la chance d’avoir le 4B c’est mieux), branchez-y un microphone, ajoutez une ligne de commande dans le terminal, patientez… c’est prêt !
Bon. C’est pas si simple (mais presque) et je ferai un tuto complet prochainement (MAJ : ça y est il est là le tutoriel Birdnet Pi en français)
Quoi qu’il en soit, voici le matériel requis (ce que j’ai et qui fonctionne):
• Raspberry Pi (le 4B de préférence, le 3B+ et le ZeroW2 fonctionnent aussi en théorie, mais moins bien, le 5 n’est pas encore supporté). Ça se trouve ici (MCHobby) ou ici (Kubii).
• Microphone USB ou microphone (celui-ci sur Amazon est parfait) relié à une mini-carte son USB (cette uGreen sur Amazon fonctionne nickel également)
• Un boitier pour cacher tout ça (optionnel)
J’avais donc la chance, que dis-je l’outrecuidance, d’être possesseur d’un Raspberry Pi, le 4B, celui que tout le monde s’arrachait à prix d’or (je l’ai eu au prix officiel, ne participez pas à cette spéculation).
Pour le microphone, n’en ayant pas de convaincant sous la main (juste un micro « chant » qui ne conviendrait pas du tout), j’ai commandé une mini-carte son USB et un microphone type « Lavalier » qui ne me semblait pas trop mal. En bonus, le mien était livré avec un petit capuchon « fluffy » qui filtre bien le vent (revoici le lien Amazon).
Il me suffisait donc d’installer Birdnet Pi sur mon Raspberry Pi, quelques réglages et le tour est joué.
Voilà. J’ai placé le Rasberry Pi dans l’abri de jardin, fait passer le fil du micro dans l’espace entre les battants de la fenêtre et hop, sous la gouttière !
* Oui, elle est nulle, mais on fait ce qu’on peut !
Après quelques minutes, je vois apparaitre mes premières captations. De base, Birdnet Pi enregistre une séquence de 15 secondes puis l’analyse par tranches de 3 secondes. Il récupère les morceaux intéressants contenant des chants d’oiseaux, détecte l’espèce et fait une estimation de sa validité. Il sauvegarde alors un mp3 et un spectrogramme du son associé à un nom d’oiseau.
C’est un peu magique, car plus le temps passe, plus je vois les espèces s’ajouter à la liste : moineaux (le micro est mis à proximité de leur QG), la mésange bleue se déchaine également, elle s’empare de la plupart des enregistrements. Puis vient une mésange charbonnière, un pigeon ramier. Ça continue, une fauvette à tête noire vient se mesurer aux autres. Elle répète sa longue symphonie plusieurs fois. Le rouge-queue noir est bien là aussi.
Tiens, un accenteur mouchet ! Je ne l’entends pas souvent. Effectivement le chant est lointain, mais Birdnet l’a quand même identifié. C’est étonnant ! Quelques secondes plus tard, ce sont des tourterelles turques qui se posent dans un arbre pour roucouler. Je les vois, je les entends et je les retrouve directement dans la liste des enregistrements. Tout fonctionne à merveille !
Oh ! Un gros-bec casse noyau ! « Pas possiiip » me dis-je (oui, on parle comme ça dans mon coin). Je n’en ai jamais observé dans le jardin. J’écoute donc l’enregistrement. Le son est lointain, la journée est bruyante, car le bruit de l’autoroute est porté par le vent, il est très possible qu’il s’agisse d’un faux positif. Ça arrive, mais il suffit alors d’écouter pour vérifier. Je décide de le garder pour proposer l’écoute à un « vrai ornitho ».
Plus tard, un gobemouche noir est pris en flagrant délit de chanter. Là aussi, vérification : trop lointain, trop de bruit aussi. Mon oreille peu réglée aux chants d’oiseaux ne me permet pas de trancher.
Voilà maintenant quelques mois que j’ai ce petit boitier qui tourne dans l’abri de jardin. C’est amusant de regarder de temps à autre qui a chanté, qui a jacassé, qui a siffloté… J’ai eu quelques surprises avec des espèces que je n’ai encore jamais observées dans le jardin : bouvreuil pivoine, pipit des arbres, roitelet huppé… dans un jardin de ville, c’est sympa. Je ne peux que vous conseiller d’adopter Birdnet Pi. C’est gratuit, c’est open-source, c’est une façon d’en apprendre plus sur la faune qui nous entoure, ça peut aussi être un projet amusant en famille, ou pourquoi pas une compétition entre amis des oiseaux…
Prochaine étape : ajouter mon Birdnet Pi au projet Birdweather pour partager mes détections avec la communauté. Pour cela j’ai demandé un ID… je l’attends.